Jour des adieux..

J'arrive en touriste..non enfin presque..avec ma trousse et mon trieur..juste de quoi assister à mon cours d'Italien..

Le stress me prend au ventre..dur dur de m'endormir hier soir..et réveillée à 06h00..impossible de me rendormir alors que mon cours n'était qu'à 10h00 ce matin.

C'est le stress du départ, stress d'avoir à justifier mon choix, stress d'avoir à affronter mes proffs et tous ces élèves, des curieux qui n'ont pas à savoir un point c'est tout.

Seules les personnes de confiance ont été informées de mon départ et surtout où je vais.

J'ai fait deux lettres de démission, une à remettre au Proviseur et l'autre à ma proff principale.

10h00..moment fatidique..je rentre la dernière en cours..je patiente quelques instants silencieusement devant ma proff d'italien qui me regarde perplexe avec un air déjà fatigué ou même démoralisée. Pourtant elle ne sait pas, elle n'est pas au courant car la fleuriste n'a pas pu lui livrer l'Azalée que je lui ais offert pour lui dire qu'elle va me manquer. Mais que se passe t-il ? Je ne sais pas. Je prends mon courage à deux mains et me lance.

Je lui demande si elle n'a pas eu d'appels en absence durant le week end. Elle me répond que si et me demande affolée si c'était de moi. Bien sur que c'était de moi, sinon pourquoi lui aurais-je demandé ?

Je lui dis que la fleuriste n'a pas pu livrer les fleurs et qu'elle la rappellera dans la semaine. Son visage reste figé de mon attention. Elle est très touchée et me demande pourquoi des fleurs. Pour lui annoncer mon départ mais surtout lui dire à quel point elle va me manquer. Un instant de silence puis je sent les larmes monter en elle. " Non s'il vous plait Madame, pas ça, ne pleurez pas je vous en prie." Puis elle ne peut se retenir et me serre fort dans ses bras. Je suis génée.
Tous les élèves nous observent dans la salle. Je ne sais plus où me mettre.

- " tu veux quand même entrer ?"

Elle ne s'y attendait pas. Elle tombe de haut. Touchée, très touchée même si je ne voulais rien laisser paraître. Pour ceux qui n'auraient pas compris..elle est bien plus qu'une proff pour moi..très vite nous avons noué des liens d'amitié et aujourd'hui elle est comme une mère adoptive pour moi. Elle va vraiment me manquer.

Sa première réaction à part que son visage resta figé est de m'avoir demandé si on se verrait toujours. Bien sur qu'on se verra toujours, il m'est inpensable de vivre sans elle !

Je finis par rentrer dans la salle toute génée, ils me regardent tous se demandant ce qu'il se passe. Cupidon est là en face de moi il me regarde, visiblement lui aussi touché mais silencieux. Il se demande ce que je fais là. En fait je lui avais dit que je ne reviendrais pas parce que je croyais que ma rentrée c'était aujourd'hui..mais  c'est demain matin.

Tout de même, je ne pouvais pas rater ce dernier cours d'Italien avec elle non ?! Question de respect..non que dis-je..question d'hommages..elle aurait été tellement appeurée et tellement déçue d'apprendre mon départ par quelqu'un d'autre, je ne pouvais pas laisser faire ça.

Elle avait envie de pleurer..Tellement envie..mais elle se retenait..cette femme..cette femme magnifique que j'admire tellement..cette femme que le divorce a rongé..cette femme que la solitude accable..cette femme dévouée à sa passion, à ses élèves..cette femme admirable..tellement gentille..tellement généreuse..tellement respectable..tellement..tellement !

Le cours commence..l'émotion la submerge..elle tente en vain de nous lire un texte en Italien mais..elle n'y parviens pas.Destabilisée.Elle s'excuse et abandonne.

La pauvre..ça me fait tellement mal de la voir dans cet état..durant une heure elle n'a de cesse de me fixer..puis vient l'absence..puis plus rien.La fin de l'heure sonne.Je reste avec elle, je sais qu'elle veut me parler.

Elle me demande si je suis sur de ma décision, un petit moment d'hésitation et..oui..oui j'en suis sur, c'est ce que je veux. Je n'ais pas remué ciel et terre pour rien. Je vais vers la liberté, vers la libération. Elle comprend, d'ailleurs son indiscretion ne me gêne même pas.

Incroyable, la seule que je ne repousse pas. La seule devant laquelle je me justifie alors que j'ai refusé ça à tous ceux qui me l'ont demandé. Oui, je lui fais confiance, comme je ferais confiance à ma mère..et encore.. peut être même plus.

Nous restons dix bonnes minutes à parler.. toujours aussi ému.. à cet instant où je me rapproche de la porte pour partir elle me retient. Elle me serre dans ses bras avec des yeux qui brillent.

- "tu vas me manquer ma petite chérie mais je te souhaite tout plein de bonheur là où tu vas. C'est pour ton avenir, je sais que tu as fait le bon choix. tu peux avoir confiance en moi je ne dirais rien."

- "merci pour tout Madame, vous aussi vous me manquez déjà. A très bientôt promis."

- "surtout..surtout on reste en contact d'accord?"

- "mais oui, bien sur avec plaisir Madame. Aurevoir. bonne journée."

c'est étrange comme ça m'a fait un vide dès que je suis sortie de cette salle de cours. Envie de pleurer. Je sais que je lui ais fait mal en lui annonçant mon départ. Et puis elle va tellement me manquer, elle et ses cours. Je suis partie sur la pointe des pieds.. un peu avec une tête d'enterrement.. et rien que pour ça j'aurais eu envie de dire que je reste mais.. non..non. Je ne reste pas.

La journée s'est terminée en silence avec un faux sourire..quelques gens viennent me serrer dans leurs bras." tu vas nous manquer tu sais " oui je sais. Eux aussi ils me manquent déjà, mais ce n'est pas un adieu. je ne lache pas les gens comme ça, certains sont essentiels à ma vie et on oublie jamais, non on oublie jamais ceux qui ont été là quand ça n'allait pas.

Je pars..un sentiment étrange de vide..un vide plus vide que jamais..je me demande si..si j'ai pris la bonne décision..j'espere de tout coeur. Mais je sais qu'au fond je ne suis pas faite pour ce systeme scolaire là. Ma vie dépendait un peu de ce choix. Il fallait que je m'en aille. Dur choix. Il m'a fallu trois mois pour me décider quand même. Trois mois de torture. Mais il en faut plus pour m'achever, j'ai bien survécu à la mort.

Qu'y a t-il de pire que la mort?! je ne sais pas ou du moins je ne connais pas ça.

Voilà..tout est fini..c'est le grand départ cette fois..une fois de plus..petit pincement au coeur..besoin de me reposer..de prendre le temps de respirer..dormir..dormir surtout.

Il faudra quelques semaines pour m'en remettre. Mais ça va, ça va. Demain la libération.